Les étapes de l’histoire du Tango
1810 : L’argentine devient indépendante, elle unifie ses provinces, se dote d’une capitale Buenos Aires et libère ses esclaves noirs.
1870’s – 1890 :
Dès 1870, l’Argentine fait appel à l’immigration Européenne afin de pouvoir assurer son développement économique. Le port de Buenos Aires voit arriver des Italiens, des Espagnols, des Français, des Allemands, des Juifs d’Europe de l’est. Ces nouveaux immigrants se mêleront à la population locale très miséreuse dans des taudis au sud de la ville. Il s’agit de la communauté des paysans et gauchos qui ont quittés la pampa et la communauté des noirs, mulâtres et créoles descendants des anciens esclaves importés le siècle précédant. C’est ainsi que l’on voit apparaître dans ces faubourgs très peuplé, des petits bals improvisé, très humbles.
Le mélange de différents instruments et les pas de plusieurs danses traditionnelles du monde entier vont fusionner avec les rythmes et mélodies des payadores (chanteurs itinérants) et ceux des noirs des orillas (rives du rio de la Plata) pour donner naissance à une nouvelle danse populaire métissée spécifiquement argentine : la milonga
En raison du manque de femmes, 75% de la population est masculine, les hommes dansent entre eux en s’inspirant des leurs danses traditionnelles pour inventer des figures tout en imitant les danses locales et les danses cadencées des noirs, pour finalement donner naissance à la milonga canyengue (cadence en dialecte africain) qui devient ainsi le premier véritable style de tango dansé.
Le soir les hommes se rendent dans les zones mal famées des faubourg, où ils vont boire, frimer et danser avec les filles de joies au son de vieux piano déglingués ou de petits orchestres improvisés d’un piano, violon et guitare.
Le véritable tango argentin naît ainsi dans des lieux de débauche évoquant le plus souvent la séduction de l’acte sexuel. C’est au cours de ces nuits que les premiers milongueros expriment leur virilité, leur machisme, mais aussi parfois, leurs nostalgie d’exil, leur peine de cœur et désirs inassouvis.
Petit à petit ils vont compliquer et codifier les pas simples et rapide de la milonga pour donner naissance au tango orillero, un nouvel art typiquement portègne du pas de deux et de l’abrazo , enrichis de figures portées sur les plaisirs amoureux, sensuels voire des mouvements à connotation sexuelle, scandalisant la bonne société du centre ville.
A partir de 1880 au niveau musical on voit apparaître les premiers tango-milongas et tango-criollos*. Les couplets des ces musiques sont naïves et assez obscènes
(*criollos = indigène, donc Argentin)
Quelques titres significatifs : Deux coups sans sortir, Secoue-moi la boutique, Un coup bien tiré, El Queco (Le bordel) ou encore Dame la lata (Donne-moi le jeton, le jeton étant le numéro remis par la mère maquerelle au client qui louait les services d’une prostituée).
Prudencio Aragon écrit El Talar, première composition appelée « tango criollo »
Début 1900 : Guardia Vieja
Aux environs de 1900, naît un répertoire plus élaboré et précurseur d’un rythme musical plus lent (de 2/4 on passera à 4/8). Apparaît le rythme de la Guardia vieja (Vieille Garde), qui compte les premiers grands tangos sur lesquels nous pouvons encore danser aujourd’hui. Le tango connaît un essor considérable dans les faubourgs. On organise des bals populaires plus ou moins clandestins dans des sombres cafés avec une piste de danse.
Dans le quartier de Palermo s’installent en nombre les peringundin (bastringue), sortes de guinguettes de mauvaise réputation.Les guapos (voyous), les compadritos (petits caïds) et les cafishios (proxénètes) qui s’expriment en lunfardo (argot portègne) ou même à coups de couteau, se réunissent dans ces lieux de détente propices aux rencontres et à tous les bons coups.
Vers 1910 : La musique au caractère vif et léger jusqu’alors, prend une modalité plus grave, plus cadencée, plaintive et sentimentale avec l’arrivée d’un instrument Allemand, le Bandonéon.
Cette musique se diffuse dans les rues, les exclus et les miséreux se retrouvent dans une nouvelle culture tango qui unifie leur diversité.
Eduardo Arolas est le pionnier de l’instrument en argentine. Il dit que le bandonéon est fait pour jouer le Tango.
1912 : Premier orchestre à succès, Juan Maglio dit « Pacho »,
bandonéiste, est accompagné de flûte, violon et guitare. Le bandonéon est confirmé comme l’instrument clé du tango, le piano remplace peu à peu la guitare et finalement la flûte qui jouait à côté du bandonéon sera détrônée par celui-ci.
1913 : Année du Tango. Le développement de la musique tango est directement lié à la danse tango qui s’exporte partout dans le monde. Les premières partitions sont exportées par les marins de Buenos Aires.
La danse tango est exportée également. De jeunes bourgeois argentins en voyage à Paris font également connaître cette nouvelle danse dans les milieux parisiens cosmopolites avides de culture exotique et de sensualité latine. Paris et l’Europe entière en tombent amoureux.
À partir de 1910, quoique jugé indécent et mis à l’index par l’archevêque de Paris, le tango fait fureur dans les salons parisiens à la mode. Une véritable tangomania s’empare bientôt de toute l’Europe.
Avec la popularité du tango argentin en Europe, la haute société argentine a pris un nouveau regard sur la danse et l’accueille dans leur propre vie.
1915 – 1920 : Le tango chanté est généralement humoristique et trace souvent un portrait de la vie dans les rues de Buenos Aires. Pascual Contursi écrit Mi Noche Triste qui sera repris par Carlos Gardel en 1917. Celui-ci, alors chanteur folklorique déjà connu, modifie les paroles et chante l’histoire d’un amoureux abandonné, plein de passion et de peine. Succès immense, l’amour tragique devient un thème récurrent du répertoire tango et le tango devient universel.
1916 – Roberto Firpo (pianiste), créateur du sextet (2 bandonéons, 2 violons, 1 piano et 1 contrebasse) formation classique de la Orquesta Tipica, se voit présenter une marche par un jeune uruguayen appelé Gerardo Matos Rodriguez et accepte de l’arranger en tango. Le résultat donnera La Cumparsita (petite fanfare) qui deviendra le tango le plus connu au monde.
1920 – 1930’s :
Les premiers artistes sont pour la plupart des autodidactes mais peu à peu de vrais musiciens s’intéressent au tango. Deux grands courants se dessinent alors, d’un côté les partisans de la tradition soucieux de plaire à un public de danseurs et de l’autre, des musiciens plus novateurs davantage axés sur l’interprétation musicale que sur la danse.
Parmi ces derniers, le chef d’orchestre et violoniste Julio de Caro. Son orchestre comprend vers la fin des années 20 et du début des années 30 le célèbre et doué bandonéoniste Pedro Laurenz. Il présente une nouvelle complexité et élégance en musique, ralentissant le pas, mais le rendant moins populaire auprès des danseurs de son époque.
1935 – Juan d’Arienzo, violoniste plutôt moyen, dirige par contre son orchestre avec beaucoup de talent et privilégie le rythme par rapport à la mélodie. Avec le pianiste Rodolfo Biagi, il créé un modèle plus rapide, avec un rythme « électrique » caractéristique que les danseurs trouvent complètement irrésistible. Les « puristes » y voient un manque de subtilité et d’innovation (De Caro aurait apparemment prédit que leur succès ne passerait pas l’été, critique que D’Arienzo ne lui pardonnera jamais), les danseurs au contraire l’affectionnent et reviennent sur les pistes de danse. Le nouveau rythme « électrique » devient si populaire que même De Caro accélèrera le tempo vers la fin des années ’30.
Début 1940’s : Début de l’Age d’Or
Vieille Garde 1 : L’éclosion (1895 – 1910)
Vieille Garde 2 : La Formation (1910 – 1925)
Nouvelle Garde 1 : La Transformation (1925 – 1940)
Nouvelle Garde 2 : Les années quartantes (1940 – 1955)
L’Avant Garde : La Modernisation (1955 – 1970)
Période Contemporaine 1 : L’Universalisation (1970 – 1985)
Période Contemporaine 2 : La Pérennisation (1985 – 2000)
La Sacralisation (2000 – …)